jeudi 8 juin 2017

Lettre juin 2017 - 69eme -

Bonsoir, Bonjour
"S'émerveiller réclame non seulement de vivre
dans l'instant mais aussi dans la lenteur."

Belinda Cannone

   Juin, ça sent l'été et ce qui va avec : l'explosion de la sensualité tout azimut, dont l'érotisation de nos sentiments amoureux. Il me faut donc vous partager une approche du Tantra-Yoga version Michel Onfray dans son ouvrage "Le souci des plaisirs. Construction d'une érotique solaire".

   "Le Kâma-Sûtra enseigne l'éros léger, le féminisme égalitaire, les jubilations libertaires, les dynamiques ludiques, les jeux hédonistes, l'invention du corps de l'autre, la construction du plaisir à deux, le souci d'autrui, les vertus nécessaires (délicatesse, prévention, douceur, tendresse, inventivité, imagination) et tout ce qui préside à la construction de deux plaisirs - celui de l'autre et le sien.
   Dans le Kâma-Sûtra, tout est possible, tout est pensable, rien n'est interdit. Il n'existe ni bien ni mal en soi, mais seulement du bon et du mauvais en regard de l'objectif de réaliser le plaisir - de l'autre et du sien. Une fois encore, les préceptes érotiques indiens, et toute l'érotique solaire en général, semblent annoncer le Spinoza écrivant qu'il n'existe ni bien ni mal, mais du bon et du mauvais en regard de ce que nous proposons. Voici donc une érotique qui ouvre à une éthique débarrassée de la morale : elle invite à construire de belles individualités, femmes comprises bien sûr, et de belles intersubjectivités.
   Pour réaliser une érotique solaire, la première exigence consiste à répondre, pour chacun, à cette série de questions : qui suis-je ? Quel est mon désir ? Qu'ai-je essayé qui me permette de penser que j'ai choisi ? A quoi ressemble mon trajet existentiel amoureux, sexuel, affectif, émotionnel ? Qu'ai-je personnellement fait de ce que mes parents, ma famille, mon entourage, la société dans laquelle je vis, la spiritualité ou la religion de mon temps, les modèles dominants de mon époque, ont voulu faire de moi ? M'en suis-je émancipé ? En ai-je saisi les mécanismes ? L'ai-je voulu, désiré, choisi, repris à mon compte ? Quid de ce qui pourrait, chez moi, définir une misère sexuelle ? Où se trouvent les compulsions de répétitions qui toutes me conduisent chaque fois dans les mêmes impasses ? A quoi ressemble mon plaisir ? Est-il même au rendez-vous ? Dans quelles qualités, quantités, selon quelles modalités ? Que puis-je faire, que sais-je faire, du désir et du plaisir d'autrui ? Car il s'agit de savoir ce que l'on veut pour envisager ce que l'on peut - et vice versa".
   Ouf, la claque ce Onfray ! Il a l'art et la manière d'appuyer là où ça fait mal, le bougre. Mais y'a pas à tartiner : ce qu'il dit nous met devant le miroir. Et en celà rejoint la philosophie pratique érotique du Yoga, le Tantra, qui est l'une des voies de réalisation de soi. A méditer (et pratiquer !) cet été....
  
   Question à une grande dame spirituelle : "Quelle pourrait être l'origine de la pensée ?". Réponse de l'intéressée : "La pensée est un acte immatériel. Son origine ne se définit pas matériellement, comme l'acte d'aimer. Dans un univers débarrassé de la matière corporelle, la pensée deviendrait notre mouvement "corporel"(...). Elle est le lien traductible de notre corps universel. Plus on se rapproche de ce lien, moins la question prend de sens". Signé Babouillec, son nom de plume en tant que poétesse. Petit détail : Hélène Nicolas est autiste déclarée enfant lourdement déficitaire et qui, aujourd'hui, à 31 ans, est une petite génie habitée d'une élégante volonté, d'une générosité, d'une soif de vie et de joie dont pourraient s'inspirer nombre d'entre nous ! C'était ma séquence "Il est où le normal, il est où ?!..." . Toutes les personnes en grande vulnérabilité nous appellent à un surcroît de fraternité.
   Depuis le 07 mai, nous devons à nouveau vivre ensemble. Nous avons un nouveau Président - "gourou feelgood" - mais toujours le même conjoint, la même compagne, les mêmes enfants, et chacun dans son immeuble, dans sa rue, les mêmes voisins. Au boulot, les mêmes collègues. Le même boulanger, le même plombier, le même médecin traitant et le même facteur. Nous avons besoin des uns des autres comme avant, et il a fallut reprendre son rôle, se dire bonjour, contribuer à la bonne marche de la maison, de l'entreprise, du quartier, soigner les malades, réparer les fuites d'eau, distribuer le courrier. Nous avons repris possession de nos vrais moyens, ceux qui nous permettent d'agir pour le bien de ceux qui nous entourent ou pour leur nuire. Nous avons repris notre vie commune, dans laquelle chacun peut réellement, tous les jours, faciliter la vie de ceux qu'il côtoie ou la leur pourrir. J'aime particulièrement les paroles de cette chanson d'Alain Souchon : " La vie ne vaut rien, rien, rien ne vaut la vie"....
   Relevé dans Golias Hebdo : " Dans le mot "résurrection", il y a le verbe "se lever" ou "se dresser" dans le sens révolutionnaire de "résister". La puissance de la résurrection n'est donc pas pour demain mais pour aujourd'hui...". A méditer en ces temps d'élections.
   Le non-pessimisme est présent dans la société française, mais il ne s'exprime pas. Ce n'est pas que les Français ne soient pas optimistes, mais ils le réservent souvent pour le privé. Une fois que les Français auront absorbé l'idée que la France est juste un pays ordinaire, alors leurs sentiments de grandeur perdue disparaîtront. On devrait payer les enseignants à complimenter les élèves, car ils entendent des critiques depuis leur premier jour d'école, ce qui compromet leur capacité à se réjouir. Ils pensent qu'ils sont moroses parce que la situation est terrible. En fait, la situation est terrible parce qu'ils sont moroses ! Quid du poids de notre éducation ? Notre pessimisme est culturel parce qu'on nous a inculqué très tôt que l'intelligence critique est plus valorisée que d'avoir un esprit positif. Notre pessimisme est une espèce de prêt-à-penser. Culturellement, les Français ne sont pas capables de dire qu'ils ne savent pas. Tout celà fait qu'il est plus prudent de produire une opinion pessimiste. Il règne dans le pays une telle affirmation publique du négativisme qu'il est extrêmement difficile de ramer à contre-courant. Le problème n'est pas que ça va mal, c'est la conviction que ça va mal ! C'était ma séquence "Il est où le bonheur, il est où ?...".

"Il faut porter encore du chaos en soi
pour accoucher d'une étoile dansante."
Nietzsche

Livres pour garder le sourire :
"Vaincre peur et culpabilité grâce à l'autohypnose et aux neurosciences. De la mécanique du cerveau au lâcher-prise" Bernard Sensfelder (conseillé par Catherine-Pouldergat 29)
"Les lois naturelles de l'enfant" Céline Alvarez(son livre fait polémique car sa pédagogie fonctionne. Résultat : elle s'est fait virer de l'Education Nationale !)
"De la joie de vivre par temps hostiles" Olivier Bardolle
"Un peu tard dans la saison" Jérôme Leroy (pour se libérer de la tyrannie technologique du capitalisme)
"S'émerveiller" Belinda Cannone
"Les sources du moi" Charles Taylor (figure majeure de la philosophie)
"Mes mille et une nuits. La maladie comme drame et comme comédie" Ruwen Ogien (philosophe libertaire spécialiste d'éthique, porteur d'un cancer : renversant d'érudition, d'esprit et de style)
"Le temps des offrandes" et "Un temps pour se taire" Patrick Leigh Fermor (à 22 ans, renvoyé de plusieurs écoles, il entame à pied Calais-Constantinople, d'où il tirera son chef - d'oeuvre)
"Catholique anonyme" Thierry Bizot (producteur télé, fin et drôle, plein d'émotion, parle au coeur...)
"Nue, sous la lune" Violaine Bérot (fuir pour être soi...)
"Les gens normaux n'existent pas" Alexandra Alévêque (au milieu des invisibles...)


Sites :
www.loeilebloui.fr (la poésie à l'état pur)http://art-therapie-quimper.fr/http://revuepresence-leblog.comwww.sens-et-finances.com (la philanthropie d'avenir)www.questionde.com (revue relancée)
www.lesjardinsdesiloe.fr (en Bretagne)
www.villagesaintjoseph.org (en Côtes-d'Armor et ailleurs)www.habitat-participatif.eu (320 projets en France : une goutte d'eau par rapport à l'Allemagne...)

"Quand on plante un cerisier et qu'on le voit ensuite en fleur,
on a la preuve que l'on vit." Tadao Ando

   S'émerveiller pour guérir. Chez les Indiens navajos, les mots santé et beauté ne font qu'un. "La beauté caresse notre cerveau" nous dit le neurologue Pierre Lemarquis. La contemplation de la nature semble tout aussi bénéfique. La beauté est une sorte de vibration, de sensation... qui nous guérit. L'esprit qui s'ouvre ne revient jamais à sa taille d'origine. Les vertus thérapeutiques de l'art, et plus généralement du beau, sont de mieux en mieux reconnues en Occident. Il est temps !

  
Passé 50 ans, on sait que le champ des possibles n'est plus celui de la jeunesse. Et c'est fascinant à jouer. C'est aussi l'heure de devenir exactement ce que nous sommes et non ce que le système nous enjoint à être. C'est également rejoindre l'acuité d'Alexandre Jollien quand il nous dit : "La grande santé, ce n'est pas être en pleine forme, mais c'est embrasser nos contradictions pour qu'il n'y ait pas de guerre civile en nous." Embrassons - nous !
   Les enfants (disons jusqu'à 10 ans) que je croise dans mon travail apportent un vent de liberté et de fraîcheur dans les moments les plus sérieux et les univers les plus compassés de notre monde d'adultes. Leur sens de l'humour n'est autre que le sens de l'amour. Notre société semble avoir perdu le goût de l'humour... et de l'amour. Et là, ça craint grave camarade ! Trois millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Où ça ? En France... cinquième puissance économique mondiale. Je rêve....
   Peut-être nous l'avions oublié, mais Jésus est le pape du développement personnel. J'ai rarement entendu un message aussi décapant à tous les niveaux de l'être. La preuve : 2017 années plus tard, on en parle encore. Vous en connaissez beaucoup vous des maîtres qui traversent les siècles ? Sur les doigts d'une main.... La plus grande claque qu'Il nous ai laissé est le mantra "Aimez-vous les uns les autres". D'actualité, non ?!....
   Ecrire, c'est essayer de garder quelque chose. Du berceau à la tombe, la majorité des gens ne laissent rien. Et si nous commencions dès cet été à laisser une trace écrite de notre pas-sage sur Terre ? Ne serait-ce qu'un journal de gratitude : quand on remercie, notre cerveau fabrique dopamine et endorphines, les hormones du bonheur. A méditer...
   Enfin, petit conseil électoral législatives, glané dans mon quotidien préféré : "Les chevaux n'ont pas besoin d'être tous de la même couleur pour faire avancer la charrette."
   L'été arrive, enlaçons-nous les uns les autres....
   Bon juin à vous (sans jeu de mot)
   Jacques